Physical Address
304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124
Physical Address
304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124
Le 8 octobre 2023, vingt-quatre heures après l’attaque sanglante perpétrée par le Hamas dans le sud de l’Etat hébreu, Max Kresch arrivait à la frontière libanaise, en première ligne face au Hezbollah. Cinq jours plus tard, le 13 octobre, Michael Ofer-Ziv, précipitamment revenu de l’étranger, prenait place devant un écran de contrôle, dans une base de l’armée. Le premier, juif américain au physique de marathonien, athée mais issu d’une famille religieuse, s’est installé en Israël à l’âge de 18 ans, en 2014. Le second, trapu et fana d’escalade, est né ici, dans une famille de gauche acquise à la solution à deux Etats. Les deux ont répondu dans un même élan à l’appel de l’armée israélienne, qui a mobilisé plus de 300 000 réservistes, dans la foulée du massacre du 7-Octobre.
Mais, peu à peu, ils ont pris leurs distances avec cette institution, aux ordres du gouvernement le plus extrémiste de l’histoire d’Israël. Ils font partie des 130 réservistes qui ont signé une lettre, rendue publique le 10 octobre, où ils affirment refuser de servir tant que le cabinet du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, n’aura pas conclu un accord de cessez-le-feu permettant la libération des otages israéliens retenus à Gaza.
Max Kresch, secouriste de réserve dans une unité de combat, a été déployé dans la zone du mont Hermon. Il s’attendait à ce que le Hezbollah lance des raids en territoire israélien : « Comme on était en première ligne, on était prêts à ne pas rentrer vivants », dit cet homme de 28 ans, étudiant en biologie à l’université hébraïque de Jérusalem, l’une des plus prestigieuses d’Israël. Mais les jours passent et il comprend que la frontière est sous contrôle. L’atmosphère est tendue avec ses camarades dont il déplore « le racisme ». Il tente de les raisonner, en affirmant qu’il ne faut pas détruire tout Gaza. En vain.
Puis le 12 octobre, alors que les bombardements de représailles sur Gaza ont déjà fait des centaines de morts, en majorité civils, il écrit sur sa page Facebook : « Maintenant, il est temps d’embrasser nos amis arabes et palestiniens. » Le message circule aussitôt dans son unité. « J’ai été ostracisé. On m’a répondu que tuer les enfants était un devoir religieux, parce qu’une fois grands, ils deviendront des terroristes. Cet état d’esprit détermine tout ce qui se passe aujourd’hui. Ce n’est pas acceptable. »
En dix années de vie en Israël, M. Kresch a toujours tenu à servir son pays de manière exemplaire. C’est précisément parce qu’il a le sentiment que son gouvernement, lui, ne s’acquitte pas de ses devoirs, qu’il a décidé de ne plus répondre aux ordres de mobilisation. « J’ai compris que ce n’était pas une guerre existentielle, mais de la pure vengeance. Le déclic a été la mort de Hersh. » Israélo-américain de 23 ans, Hersh Goldberg-Polin a été probablement exécuté par le Hamas à Gaza fin août, avec cinq autres détenus.
Il vous reste 61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.